08 avril 2020

Celle qui reste



Elle est seule. 

Lorsque moi je suis 12h en poste, entouré d'une équipe soudée, Géraldine fait ses 3x12h sur une journée ou elle endossera à tour de rôle la casquette d'institutrice, d'éducatrice spécialisée et de mère.  

Malgré la pression de travailler en réanimation Covid, nous nous protégeons, nous nous soutenons.

Géraldine est seule. Les Whatsapp et autres Messenger ne sont que de petites rustines à côtés des besoins réels qu'elle peut avoir au quotidien pour tout assumer.

Un moment symptomatique.

Hier soir, mal de crâne énorme en rentrant du boulôt, exténué de bosser en combi intégrale et masque ffp2 toute la journée et la peur lancinante de se contaminer et de contaminer sa famille en retour.

Peu d'attention pour les enfants, encore moins pour Géraldine, ... J'attends désespérément que le paracétamol fasse  effets. 

Puis, une éclaircie cérébrale après le dîner ; je discute avec les voisins à la porte.

20 minutes de trop pour Géraldine.

S'en est suivi une prise de tête stérile aussi délétère l'un pour l'autre ... Puisqu'il est 2h00 du matin et je suis entrain d'enchaîner ma deuxième nuit de merde. 

Je dois me lever dans 4h et je ne suis pas prêt de dormir. J'ai de nouveau mal au crâne, mal au bide et je ressens mes extra-systoles force 5. Plongée dans la boîte à pharmacie ou je retrouve mes amis noctambules: béta-bloquant et Gaviscon.

Ces 20 minutes, j'aurai dû les consacrer à ma famille.

C'est un vieux serpent de mer qui rôde entre nous. N'étant pas d'un naturel volubile, Géraldine souhaiterait que mon "peu" de temps de cerveau disponible lui revienne en primauté à elle et aux enfants. Et si il m'en reste, les voisins pourront en profiter après.

Je ne peux que la comprendre. Déjà seule, si en plus j'ajoute la transparence, ça devient blessant.

Tout ça pour dire, qu'il ne faut plus me demander "comment ça va ?", me souhaiter "bon courage" ou s'inquiéter pour moi.

Cette attention, cette reconnaissance c'est à Géraldine qu'il faut la porter. Elle fait bien plus que moi. 


4 commentaires:

Anonyme a dit…

Déjà en tant normal, garder une dynamique de famille avec une enfant polyhandicapée c'est difficile sans parler de la vie de couple qui passe après... Alors nous imaginons très bien la vie que vous avez en ce moment, Rodolphe tu aurais besoin de répit en rentrant de l’hôpital mais Géraldine aussi t'attend avec impatience pour souffler. Ni l'un ni l'autre vous n'avez de répit et c'est certainement très dur à vivre. Et puis avec ce confinement, c'est étouffant moralement et physiquement pour Géraldine avec les trois enfants. Alors MERCI Rodolphe pour ce que tu fais face à l'épidémie et BRAVO à Géraldine d'assurer à la maison. Et puis ce n'est pas grave de s’engueuler...et c'est presque normal dans la situation présente. Nous vous embrassons bien fort, vous êtes des SUPER HEROS!
Diane et sa famille.

Rodolphe et Géraldine a dit…

Merci pour ce message soutenant !

Unknown a dit…

Vous faites de votre mieux tous les deux , c'est dur de garder de l'énergie quand on est exténué... Mais vous êtes des parents et des personnes exceptionnelles ! Gardez le moral...tous vos amis pensent à vous ! On reprofitera de bons moments à la fin de la crise. Ne lâchez rien même si on sait que ce n'est pas facile et que ça va être encore long. Votre famille est précieuse !
Personne n'est parfait...
On pense bien à vous.
Seb et Marlène

Anonyme a dit…

Des gros bisous nos quenelles préférées !